Ils avaient dit : « Ce soir, on ne rentre pas chez nous ! » Le 31 mars 2016, à Paris, la manifestation organisée par les syndicats CGT et FO contre la loi Travail s’achève sous une pluie battante. Mais des centaines de personnes ne rentrent pas chez elles, elles se regroupent Place de la République. La mobilisation Nuit Debout, qui a démarré dans la capitale, se propage rapidement. A Rennes, esplanade Charles De Gaulle ; à Nantes, place du Bouffay ; à Toulouse, au Capitole, et dans bien d’autres villes, des places publiques sont investies.
Les participants réclament l’abrogation de la loi Travail, dite aussi loi El Khomri, du nom de la ministre chargée de ce dossier dans le gouvernement Valls. Mais très vite, au gré des forums, des commissions, des textes postés sur les réseaux sociaux, les thèmes évoluent : critiques du capitalisme et des lois du marché ; débats sur les rapports femmes-hommes, sur l’écologie, la culture populaire, l’engagement et le bénévolat…
Nuit Debout, mouvement sans chef ni porte-parole, sans revendications précises, va durer trois à quatre mois. Un laboratoire démocratique ou un happening permettant à chacun de s’exprimer à sa guise ? Un feu de paille qui a illuminé ces nuits de printemps ou un mouvement qui a marqué les esprits et innové en matière de contestation ? Mais qui sont les femmes et les hommes qui se sont ainsi mobilisés ? Qu’ont-ils appris ou perdu ? En quoi Nuit Debout a changé leur façon de vivre, de penser ou de militer ? Et comment est-on passé des places publiques aux ronds-points, de Nuit Debout en 2016 aux Gilets Jaunes en 2018 ?
Toutes ces pistes sont explorées dans le livre « Nuit Debout, des citoyens en quête de réinvention démocratique ». Cet essai, publié par les Presses universitaires de Rennes, a été co-dirigé par Christine Guionnet, que est notre invitée aujourd’hui. Elle est maîtresse de conférences habilitée à diriger des recherches à la faculté de droit et sciences politiques Rennes 1, également directrice-adjointe du laboratoire Arènes.
Une émission réalisée en partenariat avec la Maison des sciences de l'Homme en Bretagne