Spéciale Studio One

90 mn
Studio One

Considéré comme la Motown de la musique jamaicaine L'histoire de ce label et de ce studio est né dans le début des années 50 quand le jeune Clément Seymour Dodd diffuse dans l'épicerie de ses parents des disques de jazz de Bebop et de Boogie pour les clients, Il fait plusieurs voyages aux États-Unis et ramènera des perles jazz et rythm and blues pour les diffuser sur des sounds systèm ce n'est pas le premier il y a à l'époque Duke Reid et Tom the great Sebastian. On dit que pour s'assurer de l'exclusivité il ira mêmes jusqu'à gratter le nom des artistes sur les disques ou acheter tous les exemplaires possibles. En 1957 Clément Dodd qui se fait appeler Coxsone Dodd possède 3 sounds systèms qui sillonnent Kingston, Chacun de ces sound à des DJ et on verra donc apparaître Prince Buster U-Roy, King sitt et Lee Perry qui deviendra le parolier de Coxsone d’abord pour les clash avec les Sons concurrents. 

Clément Seymour Dodd - Coxsone DoddDès 1957 il décide d'enregistrer ses propres musiques dans un premier temps pour le diffuser dans ses sounds et avoir de l'exclusivité vis-à-vis de ses concurrents. En 1959 il décide de vendre sa production, la première session d'enregistrement n'a pas lieu dans son studio mais au Studio Fédéral premier studio jamaïcain. Dans cette session un duo Alton Ellis / Eddy Perkins sortira Muriel classé dans les meilleures ventes de l'été 1959.

Il est producteur il est diffuseur et il complète sa chaîne en ouvrant son premier magasin Coxon music City. C'est la pleine époque du ska qui se transforme en rocksteady on dit qu'il est né un soir dans un studio ou Jacky Mitoo aurait ralenti la rythmique de la basse avec son clavier…  C'est le début de la rencontre avec les premiers musiciens qui seront ensuite les 1ers backing band de Studio One les Blues blasters, Les Skatalites, Les Soul vendors avec Cluett Johnson, Roland Alfonso, Ernest Ranglin, Rico Rodriguez, Théophilus Beckford … On prête à Ernest Ranglin l’ invention du contretemps … Ces styles musicaux symbolise l'identité musicale de cette île et leur succès coïncide avec l'indépendance de la Jamaïque en 1962.

C’est dans ce contexte, en 1963 que Sir Coxsone rachète le monopiste de Fédéral studio et installe son propre studio dans un ancien night club au 13 Brainford Road à Kingston.

Studio One devient alors le premier studio détenu par un noir en Jamaïque, Ernest ranglin devient son arrangeur et son groupe maison formera plus tard les Skatalites Tommy McCook, Lloyd Bevrette, Roland Alfonso, Johnny Dizzy Moore et bien sûr Don Drummond … cette même année Coxsonne auditionne Un groupe The Wailers, Après le départ de Junior Braithwaite, lead singer sur « It hurts to be alone », Sir Coxsone impose aux Wailers de désigner un unique chanteur : ça sera Bob Marley. Simmer Down sera un numéro 1 en 1964.Skatalites

Quelques productions du début de l’histoire de Studio One dont l’identité musicale principale est résolument ska et rocksteady

El Pussycat - Roland Alfonso & The Skatalites

Addis Ababa - Skatalites

Russian Ska Fever Don Drummond & the Skatalites

Hooligan - Dub Specialist sorti en 1975 Version Dub du morceau de John Holt et le paragons Hooligan change your style un des rares morceaux enregistrés par les Paragons chez Studio One dans les années 60.

Totally together - Jackie mittoo

On a entendu aussi The traps - higher 1976 

Queen of the ministrels - The Eternals 1969

Armageddon time - Willie Wiliams 1977

qui correspondent à l’époque roots reggae spirituel de studio one

 

Roland Alfonso - Drums of Fue Man Tru

le savoureux Never let go de Carlton & the Shoes 

 

Petit tour à travers les époques et les styles du label studio one - ska / rocksteady / reggae

Petite série classique 2 titres sortis en 1968

Feel like jumping par Marcia Griffiths  

Love me forever - Carlton and the shoes

Alton Ellis - Hurting Me 1970

Horace Andy - New Broom 1973

Pendant 1 décennie, Studio One domine la scène musicale jamaïcaine et devient la première maison de disques en Jamaïque à maîtriser toute la chaîne de production et de distribution : fait assez rare pour un producteur, Coxsone réinjecte la quasi-totalité de ses bénéfices dans le développement de son entreprise. Il commence par créer de nombreux magasins de disque dans les différents quartiers de la capitale, tous labellisés « Muzik City » mais également des sous-labels tel que « Coxsone », « Port Ojam » ou « Ironside», puis finit par faire construire une usine de pressage derrière le studio, qui emploie plus de vingt personnes. Cette prospérité économique et artistique est acquise en partie grâce au vide juridique en matière de copyrights. En effet, jusqu’en 1990, les droits d’auteurs n’existent pas en Jamaïque : il est donc l’unique propriétaire des disques qu’il produit. Ce qui lui vaudra quelques conflits avec les artistes. 

La liste des artistes passés par Studio One est énorme puisqu’on compte environ 200 disques produits, parmis eux: Johnny Osbourne, The Gladiators, Dennis Brown, Sugar Minott, The Wailing Souls, Ken Boothe, The Skatalites, Marcia Griffiths, The Heptones, Delroy Wilson, Prince Buster, Bob Andy, Derrick Harriott, Toots & The Maytals, les Techniques, Clancy Eccles, Joe Higgs, Alton Ellis, The Wailers….

Ce qui est certain c’est que Coxsone et les enregistrements du Studio One ont accompagné la création des Styles musicaux typiquements jamaicains, 

Il faut noter que Studio One est aussi le lieu où d’excellents ingénieurs du son comme Sylvan Morris, Syd Bucknor, Overton “Scientist” Brown, sir Coxsone lui-meme et où certaines machines comme le Echoplex Sound dimension ramenée par Coxsone d’un voyage en Angleterre en 66 vont donner une touche particulière! Ils ont voué une importance capitale à la section rythmique lui donnant toujours plus de puissance et de profondeur. Créant l’identité de tout un genre musical.

 

En 66 suite à la venue d’haile selassie en jamaique le mouvement rasta prend de l’ampleur, Bob Marley, converti également . Coxsone qui s’y était refusé jusqu’à présent ouvre sa porte aux groupes et artiste ayant des textes religieux et spirituels inspirés du message rasta, comme the Gladiators, the abyssinians, il est un des premiers à avoir permis la consommation de ganja dans ces studios permettant la présence de groupes de reggae roots.

Ces années fin 60 début 70, marquent l’avenement du early reggae, encore très rythmé qui permettent à Clément Dodd renouer avec le succès

Jackie Opel - the lord is mine

Burning spear - Journey

Ernest Ranglin - Surfin, c’est un débat en studio mais pour moi c’est l’inventeur du rythm’n blues Jamaïcain

GLadiators - Love and meditation

Ras Michael - Good People

Fabian & the vibes - Mother and the Child 

Dub Speciallist (Coxsone) - Chase dem / Mr Bassie version Dub specialist

Horace Andy - Mister Jolly Man

Lloyd Robinson*2 - It deep & Cuss Cuss

BB Seaton - Dancing in the moonlight

Ken Boothe - I a m a fool

Sir Coxsone perdra son trône et son égémonie dans les années 70 au profit d’autres labels comme Channel One sans pour autant ne rien produire comme on a pu l’écouter tout de suite. Studio One et Coxsone auront produits plus de 6000 titres, laissant une empreinte indélébile dans la musique jamaicaine et mondiale ainsi que dans les méthodes de travail des studios jamaicains.

Le livre studio One est ouvert, il en reste beaucoup et son histoire intimement lié à l’émergence de styles musicaux typiquement jamaîcains, aux musiciens qui y sont passés, au contexte historique, social et politique, à la technique développée en studio nous ont inspirés, nous ferons d’autres émissions cette année autour de studio one.

Merci à Lloyd Bradley pour son livre Bass Culture et à Adrien Egreteau pour son travail de recherche dont nous nous sommes inspirés