Ecriture et animation : Nathalie Georges et Steven Pravong
Montage et générique : Steven Pravong
Dès lors que la présentation de l’émission est achevée, on déguste Wrong de Depeche Mode, morceau ô combien sombre et entêtant. Un concentré d’amertume porté par un Dave Gahan en pleine maturité vocale qui balance ses couplets comme des coups de matraque dans l’estomac. Plus sophistiqué qu’une première écoute pourrait le suggérer, Wrong - single qui marquait le retour en grâce du groupe - bénéficie des arrangements sophistiqués apportés par Martin Gore (mais disons-le honnêtement, on se félicite qu’il n’apporte qu’une contribution modeste à la partie chantée).
Wrong Side Of the Tracks, est le titre glissé sous l’histoire qui s’intéresse aux circonstances de la conception de David Guetta. Cette bizarrerie sonore émaillée de samples tous azimuts est le fruit de pillages organisés par le groupe The Slew.
Au cours de ce même récit, c’est bien Sheila, artiste de variété française, qui s’égosille brièvement à L’Heure de la Sortie. Ce célèbre tube de la chanteuse à couettes date de 1966. On est historiquement raccord.
Un peu plus tard, on pourra ouïr une triste mélopée empruntée à la BO de « Carlito’s Way » composée par l’écossais Patrick Doyle. Le film dont est tiré ce morceau élégant est réalisé par Brian De Palma (évidemment).
C’est avec une intense nausée que nous subissons un court extrait de Sexy Bitch. Cette pseudo-composition (au titre férocement stupide), formatée dance-floor et tee-shirts mouillés, est signée par David Guetta. Le chant y est assuré par un guest nommé Akon (une consonance qui a dû les rapprocher naturellement). Cette place restreinte accordée au malfaisant DJ des soirées d’Ibiza ne sert que d’illustration au propos.
Heureusement, les Sex Pistols, tels un coup de karcher providentiel (à base de bière), pulvérisent l’impression désagréable laissée par le fâcheux avec Did You No Wrong. Johnny Rotten, lead-singer aux intonations d’une hyène survoltée, interprète sa partie sans la moindre ambition mélodique mais avec la rage militante qui fit sa renommée. À noter que le titre ne figure pas sur l’album studio légendaire du groupe mais sur la face B du single God Save The Queen. Presque une rareté.
La nouvelle de Fredric Brown, lue par Lady Georges, est accompagnée musicalement par Any Other Name, un thème dérobé à la bande originale du film « American Beauty » (réalisé par Sam Mendes). Comme chacun sait, c’est Thomas Newman qui est l’auteur de cette composition. Ce qui est moins connu, c’est que Thomas est aussi le cousin de Randy Newman, chanteur, espiègle-parolier et compositeur américain fort célèbre. On s’en moque ou pas ? Peut-être.
Dr John, pianiste-chanteur-guitariste né en Louisiane et passionné de Boogie Woogie, assure une transition rythmée avec le titre Right Place Wrong Time. Surnommé aussi the Nighttripper, cet artiste précieux et insuffisamment connu nous a quittés en 2019.
La mésaventure tragi-comique de ce timbré de Romuald Perron trouve toute son ampleur sur la sérénade n°13 pour corde en sol majeur également connue sous le nom de « Une petite musique de nuit K. 525 ». Cette délicatesse a été composée par Wolfgang Amadeus Mozart en 1787. Le tribunal international du bon goût a interdit à David Guetta d’en sampler la moindre note (sous peine de pendaison sur la chaise électrique).
C’est bref, alors tendez l’oreille : quelques notes électroniques de la BO de « Videodrome » (encore ! Mais ça devient une manie !) servent de micro-transition avant l’analyse experte du film « Wrong ». Pour savoir qui est à l’origine de cette production obscure et synthétique, reportez-vous à l’émission précédente.
Tout au long du sujet consacré à « Wrong » réalisé par l’artiste fou Quentin Dupieux, ne vous étonnez pas de tâter un peu de la BO correspondante signée par M. Oizo et Tahiti Boy (rien que du normal).
It’s a mistake, entendu de manière incomplète, est un morceau que nous devons à Men At Work. Ce sympathique groupe de « rock » australien, pur produit des années 80 (pourvoyeuses en musique jetable), a conservé un capital sympathie indéniable grâce à quelques tubes sans prétention mais toujours revigorants. La voix singulière de Colin Hay – presque la signature de la formation – et le savoir-faire de ces honnêtes travailleurs ne sont pas étrangers à cette affection demeurée intacte. Il est certain que nous leur rendrons justice dans une émission ultérieure. Peut-être en diffusant Who Can it Be Now ? ou Overkill… qui sait ?
L’annonce de la thématique future trouve comme support musical une excentricité venue (encore) du cinéma puisqu’il s’agit du thème principal du film « Re-animator » de Stuart Gordon (hélas disparu en 2020). Entre le réalisateur et son compositeur, on ignore qui a eu l’idée de créer un thème si délibérément plagiaire de celui de « Psycho » (grand succès horrifique d’Alfred Hitchcock). Quoi qu’il en soit, Richard Band s’empare du motif rythmique imaginé par Bernard Hermann et se contente de désordonner vaguement les notes maîtresses de l’œuvre originelle. Le résultat final, troublant de malice, ne permet pas à l’auditeur de savoir s’il est en présence d’un vibrant hommage ou d’un pied-de-nez irrévérencieux.