Sur les pentes abruptes de l’une des montagnes les plus dures à grimper, un cycliste s’interroge : qu’est-ce que je fous là ? Pourquoi je m’inflige ça ?
Ce documentaire explore la façon dont le cyclisme, entre extase et épuisement, façonne nos corps mais aussi nos relations aux autres.
Deux trames narratives dialoguent et interrogent le rapport à l’effort dans un sport pratiqué en tant qu’amateur, avec toutes les répercussions que cela peut avoir — physiques, psychologiques, sociales, amoureuses ou sexuelles.
D’un côté, il y a moi : je me suis enregistré en pleine ascension du Galibier, dans les Alpes. Un col long, exigeant, épuisant. Micro fixé sur mon vélo, je parle tout en pédalant, en laissant surgir mes confidences dans l’effort. On entre alors dans une esthétique de l’intime et de l’intensité, faite de souffle et d’épuisement.
De l’autre côté, on entend les voix alternées d’Adelin et de Lionel, deux cyclistes qui ne se connaissent pas mais dont les paroles se complètent. Les entretiens ont été menés dans un cadre intime et amical, ponctués de séquences sonores qui donnent du corps aux récits et font respirer la parole. Ces séquences mêlent des sons enregistrés lors de mes voyages à vélo, souvent en montagne, et des captations réalisées avec des micros posés directement sur le cadre du vélo.
Ce qu’il faut savoir pour comprendre la raison d’être de cette pièce sonore, c’est que je fréquente depuis quelques années différents clubs de cyclisme, sans pourtant réussir à y tisser de véritables amitiés. Le sport m’apporte énormément, mais la fatigue qu’il génère rend mon rapport au cyclisme plus complexe. Je me demande pourquoi je cherche autant l’effort, pourquoi je m’épuise à ce point, et pourquoi, au final, j’ai l’impression de passer à côté des relations que je pourrais construire.
J’ai alors commencé à proposer à certains cyclistes que je connaissais et auxquels je m’identifie de les interroger, pour m’aider à résoudre mes propres questions existentielles.
Un documentaire de Virgile Loiseau
Une illustration de Lou Ollivier